mardi 24 mars 2015

Frédéric Sali - Strasbourg - 4 et 5 juin 1910



 Concours de Strasbourg - 4 et 5 juin 1910



« Parmi les 250 concours auxquels il m’a été donné d’assister, le concours de Strasbourg fut pour moi, sans conteste, le plus riche en émotions et en péripéties diverses. Il est celui qui m’a laissé le plus durable et le plus grandiose souvenir.

Banni de ma Patrie, de 1876 à 1903, je lui dois mon premier contact officiel avec mes chères Sociétés alsaciennes avec lesquelles je n’avais eu jusqu’alors que des relations épistolaires très espacées, sauf avec la Fanfare Sellenick-Vogesia, qui a été le berceau de ma carrière et avec laquelle j’ai entretenu une correspondance plus suivie.

Invité par la Fédération des Sociétés musicales d’Alsace et de Lorraine, laquelle dut passer sous les Fourches Caudines de l’Administration allemande et consentir, afin de contre-balancer ma venue, à admettre au sein du Jury quelques chefs de musique militaires de la garnison, je fus reçu par mes compatriotes avec la plus affectueuse cordialité.
Les « Kapellmeister » MM. Dietrich, du 136e Régiment d’Infanterie ; Goersch, du Bataillon de Pionniers N° 19 ; Ruhmann, du Régiment d’Artillerie à pied N°14 ; Schaeffer, du Batallon de Pionniers N°15 ; Schulz, du Régiment d’Artillerie à pied N°10 et Schütt, du 126e Régiment d’Infanterie, dont la raideur teutonne était proverbiale, durent, afin de se mettre au diapason, se montrer courtois vis-à-vis de moi. Ils s’acquittèrent de cette tâche, quelque peu chatouilleuse pour leur orgueil national, avec infiniment de tact. Ils mirent même beaucoup d’empressement à solliciter du Comité organisateur de simples strapontins, afin d’assister au Concert donné à l’issue du banquet qui eut lieu à 1 heure dans les salons de l’Hôtel de l’Union.

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A 3 h ½ sous l’immense hall de l’ancienne gare, merveilleusement décoré pour la circonstance par l’artiste qu’est Charles Mann, eut lieu un grand Concert de gala.

Ce fut une audition de grand style, à laquelle seules les Sociétés de premier plan des Divisions d’Excellence et Supérieure avaient été conviées.

Plus de 5 000 personnes emplirent la vaste salle. Au premier rang des fauteuils prirent place, entourant la Municipalité, les Membres du Comité et leur famille.

Le Concert débutait par Kellermann3, exécuté par toutes les Sociétés présentes, sous la direction du Componist, Frédéric Sali, ainsi que l’indiquait le programme.
Je dois avouer qu’au moment de monter sur l’estrade pour diriger mon morceau, mon cœur battait à tout rompre, car c’était la première fois, après un exil de 28 ans, que j’avais à me mettre en évidence dans ma ville natale.

…..

Mais voici que ces Sociétés, auxquelles se joignent toutes celles ayant pris part au concours, se massent pour le défilé avec une précision toute militaire et un ordre parfait dont elles ne se départirent pas un seul instant pendant le long parcours qu’elles eurent à accomplir.

Le cortège, à la tête duquel se plaça La Vogesia, suivie en landaux par les membres du Comité, se déroula majestueusement et sans aucun intérêt, à travers une foule compacte, mais extrêmement disciplinée, ne dépassant pas d’un centimètre la bordure du trottoir qui lui était assignée comme limite par l’autorité supérieure (et elle ne plaisantait pas, la bougresse !)

Assis dans un élégant landau à côté de mon vieil ami d’enfance, Alb. Haeberlé, Président de La Vogesia, redevenue à la libération Fanfare Sellenick, je pus constater à mon aise la remarquable organisation de ce défilé où chaque Société conserva d’une façon impeccable et sa distance et son alignement.

Sous une avalanche de bouquets de fleurs lancés de toutes les fenêtres situées sur le parcours, le splendide cortège gagna l’ancienne Préfecture du Bas-Rhin, demeure opulente et princière du seigneur et maître du moment, le Comte de Wedel, alors Statthalter d’Alsace-Lorraine.

Là, mon Kellermann fut de nouveau à l’honneur, mais la cérémonie ayant pris un caractère officiel, je dus céder la baguette à mon excellent camarade X. Schmitt, l’organisateur émérite de ce fastueux concours ».

lundi 16 mars 2015

Frédéric Sali - Mémoires d'un juré de concours

Frédéric Sali, est un compositeur et juré de concours orphéoniques (Bischheim, 3 février 1862 - Saint-Germain en Laye, 14 décembre 1950).

Il effectue ses premiers pas musicaux à l'âge de huit ans. En 1872, il entre au Conservatoire de Strasbourg, y étudie le solfège et le cornet. Il quitte l'Alsace en 1876 afin d'éviter le service militaire allemand. Il est piston-solo au 113e de Ligne à Blois en 1881. 

Sa carrière le mène à différentes activités, il dirige plusieurs harmonies, écrit dans des journaux orphéoniques, est membre des jurys au Conservatoire de Paris, etc.

Personnalité appréciée pour ses critiques mais aussi pour son caractère bon-enfant, parfois paternaliste, il est surnommé "Mon Oncle". Ses écrits n'ont pas la froideur de rapports d'activités. Il a l'art de relever des anecdotes et des faits truculents qui font la saveur des nombreuses rencontres musicales qu'il a pu faire en tant que jury.

Dans les articles à venir, nous publierons des textes évoquant ses rencontres musicales à Strasbourg et Colmar.

Sources : "Mon Oncle au concours - Mémoires de Frédéric Sali" - Ed. Margueritat (Paris)



mardi 3 mars 2015

Gravure - Harmonie Hartmann de Munster

Aujourd'hui nous vous proposons ce qui est, à ce jour, le plus ancien document iconographique retrouvé lors des travaux de recherches historiques de la FSMA.

Il s'agit d'une gravure intitulée  "Le départ pour le Hohlandsberg" t qui date... de juin 1839.
Elle représente des musiciens ambulants qui seraient à l'origine de la création de l'harmonie "Hartmann" de Munster.
Ce document exceptionnel a été retrouvé dans le carnet du centenaire Hartmann fourni par M. Jean-Jacques Glaess.





"La légende raconte que lors d’une belle journée de 1847,  à l'heure de la sortie du personnel de l'usine Hartmann à Munster, des musiciens ambulants comme il en existait à l’époque seraient venus donner un concert de plein air. Les femmes attendaient peut-être leurs maris à la sortie de l’usine, pour les empêcher d'aller boire la paye au cabaret, et les enfants ont accouru, intrigués par l'agitation. On imagine bien le caractère assez exceptionnel de l’événement, dans une ambiance empreinte de paternalisme industriel : le bon patron permettant à ses ouvriers de se détendre, de s'amuser et même de se cultiver. C'est donc tout logiquement que, parmi les auditeurs, se trouvait un certain Henry Hartmann, directeur de l'usine qui trouva la représentation superbe. C'était apparemment un grand amateur de musique, mais également un grand mécène. Homme d'action, il demanda sur le champ au chef de cette musique s'il acceptait de devenir son homme pour diriger la future harmonie de l'usine. Il semblerait que ce dernier ait accepté, et c'est ainsi que serait née l'harmonie Hartmann."



Natacha Mangold - extrait de l'article consacré aux harmonies du val Saint Grégoire