mercredi 18 février 2015

1863, Berlioz à Strasbourg (4)

La venue d'Hector Berlioz à Strasbourg, et la construction de l'immense salle en bois, place Kléber, n'a, à l'époque, pas manqué de faire grincer des dents. Nous vous proposons aujourd'hui, pour conclure cette série d'articles consacrés à cet événement majeur de l'année 1863, une série de documents satyriques, humoristiques et polémiques publiés à cette époque.





Merci à Michel Austin et Monir Tayeb, fondateurs du site Hector Berlioz, pour la mise à disposition de toutes les ressources qui ont été nécessaires à la rédaction de cet article que vous trouverez en intégralité à l'adresse : http://www.fsma.com/publication.html


lundi 2 février 2015

1863, Berlioz à Strasbourg (3)

Discours de Berlioz 




Le samedi 20 juin, deux jours avant le concert, Berlioz est convié par un groupe de sociétés chorales allemandes à une célébration à Kehl, sur la rive allemande du Rhin en face de Strasbourg. Pour s’y rendre il traverse le pont du Rhin nouvellement construit en 1861. Berlioz donne un bref récit de la cérémonie dans une lettre à son beau-frère Camille :

« Les allemands avaient voulu me fêter avant les français et quand on a su que j’étais à Strasbourg les sociétés de Carlsruhe, Bade, Manheim, Heidelberg etc, réunies à Kehl m’ont invité à venir les entendre et m’ont reçu au pont du Rhin avec des Hourras, coups de canon, musique militaire, etc. On m’a conduit à l’Église où un chœur de bienvenue a été chanté, force hourras et vivats y ont été lancés, des discours prononcés. Puis on m’a ramené dans le même ordre à la rive française. »

Pas plus que dans les Mémoires Berlioz ne parle ici du bref discours qu’il fit à cette occasion, et dont on possède le texte dans deux brouillons autographes.



Ce discours mérite d’être cité intégralement:


« Monsieur,

Nous avons été très heureux, mes confrères et moi, de nous rendre à l’invitation de la ville de Strasbourg, et nous regrettons de n’avoir pu faire davantage pour la seconder dans sa belle entreprise. Vous l’avez dit, monsieur, sous l’influence de la musique l’âme s’élève et les idées s’agrandissent, la civilisation progresse, les haines nationales s’effacent. Voyez aujourd’hui la France et l’Allemagne se mêler! L’amour de l’art les a réunies et ce noble amour fera pour leur union complète bien plus que ce pont merveilleux du Rhin et toutes les autres voies de communication rapides établies entre les deux pays.

Le grand poète a dit: « L’homme qui n’a point en lui de musique est un homme dangereux, il n’est propre qu’aux ruses, aux embûches, aux trahisons. Méfiez-vous de lui! » Sans doute Shakespeare a usé là de la liberté d’exagération accordée aux poètes. Mais l’observation prouve néanmoins que si sa proposition est outrée pour les individus, elle l’est beaucoup moins pour les peuples, et l’on doit aujourd’hui reconnaître que là ou la musique finit la barbarie commence.

À la ville très civilisée de Strasbourg, aux villes très civilisées de France et d’Allemagne qui avec tant d’enthousiasme viennent de se joindre à elle pour réaliser le projet de son magnifique festival ! »

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Retrouvez l'intégralité de l'article consacré à cet événement dans la version en ligne "Alsace, terre de musique et de musiciens - vol. 1" à l'adresse : http://www.fsma.com/publication.html