mercredi 21 janvier 2015

1863, Berlioz à Strasbourg (2)

Le concert de 1863 :


Berlioz quitte Paris pour Strasbourg à 20h00 le lundi 15 juin. Bien qu'il ne le précise pas il voyage certainement par le train au départ de la gare de l'Est, et arrive le lendemain matin à Strasbourg. Il loge chez le musicien Jean Becker au 103 Grand Rue. Une fois arrivé, il s'occupe des répétitions, d'abord les chœurs les 17 et 18 juin, puis de la répétition générale le 20. Le 20 au soir il est invité à une réception à Kehl, sur la rive gauche du Rhin. Le 21 a lieu la réunion des sociétés chorales (106 en tout) 2000 chanteurs occupent l'estrade et le soir le Préfet offre un banquet. Le jour du concert, lundi 22 juin, on assiste le matin au concours des sociétés chorales, Berlioz en est le président du jury.

Le concert de l'après-midi est en deux parties. La première comprend la 7ème symphonie de Beethoven, la cantate Les voix de la lyre, par Schwab, l'ouverture d'Euryanthe de Weber, et des extraits de L'océan, oratorio de Elbel. Berlioz ne participe pas à cette première partie, dont il ne parle d'ailleurs nulle part dans sa correspondance.
La deuxième partie est consacrée à l'Enfance du christ sous sa direction. La chœur comprend 460 chanteurs et l'orchestre pas moins de 90 exécutants.




Aucune lettre de Berlioz datant de son séjour strasbourgeois ne survit, mais plusieurs lettres d’après son retour à Paris donnent plus de détails. Le 27 juin il écrit à Humbert Ferrand :


« J’arrive de Strasbourg moulu, ému… L’Enfance du Christ exécutée devant un vrai peuple a produit un effet immense. La salle, construite ad hoc sur la place Kléber, contenait huit mille cinq cents personnes, et néanmoins on entendait de partout. On a pleuré, on a acclamé, interrompu involontairement plusieurs morceaux. Vous ne sauriez vous imaginer l’impression produite par le chœur mystique de la fin: « O mon âme! ». C’était bien là l’extase religieuse que j’avais rêvée et ressentie en écrivant. Un chœur sans accompagnement de deux cents hommes et de deux cent-cinquante jeunes femmes, exercés pendant trois mois. On n’a pas baissé d’un demi-quart de ton. On ne connaît pas ces choses-là à Paris. Au dernier amen, à ce pianissimo qui semble se perdre dans un lointain mystérieux, une acclamation a éclaté à nulle autre comparable, seize mille mains applaudissaient. Puis une pluie de fleurs… et des manifestations de toute espèce. Je vous cherchais de l’œil dans cette foule. »

Retrouvez l'intégralité de l'article consacré à cet événement dans la version en ligne "Alsace, terre de musique et de musiciens - vol. 1" à l'adresse : http://www.fsma.com/publication.html





 


mercredi 7 janvier 2015

1863, Berlioz à Strasbourg (1)



Les 20, 21 et 22 juin 1863, fut organisée à Strasbourg la « septième réunion des sociétés chorales d’Alsace », évènement gigantesque qui a rassemblé des milliers de choristes et des centaines d’instrumentistes. 


Événement tel que l'on a construit, place Kléber, une salle en bois capable d’accueillir plusieurs milliers de personnes. Des polémiques sur cette folie dépensière coururent bon train, et il fallut trouver un président de jury à la hauteur de l'ambition. A l'époque, un nom s'est de suite imposé, celui d'Hector Berlioz.

La salle construite place Kléber à l'occasion de cet événement



La salle avait une façade imposante en trompe l’œil, surmontée d’une statue de Sainte Cécile, et pouvait contenir pas moins de 8000 auditeurs. Elle fut démantelée après le concert.


Les dimensions de la salle et les effectifs exceptionnels déployés pour une œuvre de caractère intime avaient inquiété Berlioz. Dans une lettre à Schwab du 28 mai, après avoir recommandé que le chœur « Que de leurs pieds meurtris » dans la 3ème partie soit chanté piano, il ajoute: « Au reste nous avons bien de la bonté de chercher de telles nuances ; d’après ce que vous me dites et ce que m’a dit Méry de l’immensité de la salle, il est clair que tout effet sera perdu et qu’on n’entendra à peu près rien. Autant valait faire de la musique sur une place publique ». Mais pour finir les craintes de Berlioz s’avèrent sans fondement, comme il le reconnaît l’année suivante dans la Postface des Mémoires :

« On avait construit une salle immense contenant six mille personnes8. Il y avait cinq cents exécutants. Cet oratoire, écrit dans un style presque toujours tendre et doux, semblait devoir être peu entendu dans ce vaste local. À ma grande surprise, il y produisit une émotion profonde, telle était l’attention de l’auditoire, et le chœur mystique sans accompagnement de la fin « O mon âme » provoqua même beaucoup de larmes. Oh! Je suis heureux quand je vois mes auditeurs pleurer !... Ce chœur est fort loin de produire autant d’effet à Paris, où il est d’ailleurs toujours mal exécuté. »
 



Retrouvez l'intégralité de l'article consacré à cet événement dans la version en ligne "Alsace, terre de musique et de musiciens - vol. 1" à l'adresse : http://www.fsma.com/publication.html